Le club

L’enseignement à l’Hakudokan

Conseils et informations à l’usage des personnes impliquées dans l’enseignement du Judo ou ayant le projet de le devenir.

par Raymond Damblant, 9e dan

Les préalables incontournables : passion et disponibilité

Avant de se « lancer » dans l’enseignement du Judo, il faut a priori évaluer sa réelle disponibilité dans le temps, car il s’agit bien d’une implication à moyen et à long terme. L’enseignant (directeur technique) est l’âme du dojo; il faut que celui-ci ait la passion d’enseigner, mais cela a un prix!

Pour se sentir à l’aise dans ce choix, le professeur doit toujours évaluer l’impact qu’aura le temps consacré à l’enseignement du Judo sur son travail, ses études (si c’est le cas) et sa famille. Il devra également tenir compte impérativement des présences aux différentes compétitions, stages et les réunions où sa présence est requise. Il devra, le cas échéant, s’entourer d’une équipe pour l’appuyer dans les diverses tâches pédagogiques et administratives.

Les responsabilités (administratives)

Le directeur technique est le représentant du dojo auprès de l’association à laquelle il est affilié. Il devra avoir une bonne connaissance de la structure administrative de notre sport. C’est donc à lui qu’il incombe de connaître ces règles afin de les faire respecter et de s’assurer que toutes les démarches administratives sont faites. (Enregistrement du dojo et des membres, assurances, etc.) Il devra aussi s’assurer que les informations reçues de l’association soient connues des membres (stages, syllabus d’examens, compétitions, etc.). Il devra avoir une bonne connaissance des règlements d’arbitrage, des règlements des tournois, des diverses formules de compétition….

Il devra avoir réussi avec succès le cours PNCE Instructeur de dojo (anciennement appelé PNCE 2) ainsi que la formation et l’évaluation « Prise de décisions éthiques » exigées par l’association canadienne des entraîneurs (ACE). Il est important qu’il suive également un cours de premiers soins reconnus (croix rouge, etc.).

Les fondements de l’enseignement

Le professeur (directeur technique) a une mission, qui est celle de faire découvrir et aimer le Judo, une discipline compétitive, mais combien éducative; un art en soi.

Il doit développer une pédagogie adaptée à chaque groupe d’élèves et dégager un certain charisme.

Pour ses élèves, il représente un modèle, un exemple à suivre, mais ses caractéristiques ne doivent jamais être entachées de prétention. La modestie est de mise. Il n’est pas là pour impressionner, mais pour transmettre la matière technique, les valeurs de la discipline et les règles qui régissent la vie de groupe. De plus, si la ponctualité est la politesse des rois, elle est pour un professeur une marque de respect envers tous.

Il devra, en outre, avoir une connaissance de l’histoire du judo en général tant sur le plan provincial, national  et international, car l’enseignement du judo ne se limite pas aux seules connaissances techniques.

L’enseignant et l’entraîneur

Le directeur technique agit au sein du dojo comme enseignant et aussi comme entraîneur. Il est donc impératif qu’il soit au fait des différences fondamentales entre ces deux fonctions. Il pourra s’adjoindre une personne qui prendra en charge les compétiteurs ; celle-ci devra avoir une bonne connaissance technique et psychologique, et avoir réussi le programme de la certification (PNCE) de Judo Canada. Une expérience personnelle en compétition est un atout non négligeable.

L’entraîneur devra tenir compte du fait que les membres du dojo ne participent pas tous aux mêmes niveaux de compétitions. Il devra les préparer physiquement et mentalement en tenant compte des limites de chacun. Bien que les résultats escomptés ne soient pas toujours au rendez-vous, il est important d’accepter, de partager et d’analyser positivement chaque performance, bonne ou mauvaise, et de ne pas prendre « personnel » chaque résultat.

Il existe plusieurs paliers de compétitions, un entraîneur devrait pouvoir diriger les athlètes les plus talentueux de niveau national, pour ceux qui ont choisi cette option, vers le centre d’entraînement national tout en gardant un bon contact avec eux, au bénéfice de tous.

Respect et éthique

L’éthique est un concept très important en Judo. Au sein du dojo, il faut développer le principe de sampai/koai (anciens, nouveaux), avec ce que cela comporte de responsabilités. Le professeur doit être conscient de sa position d’autorité, mais ne doit jamais en abuser.

Le maraudage et la sollicitation envers des membres d’un autre dojo sont chose proscrite, même une invitation à venir « faire une petite visite ». Par égard pour les autres, un professeur doit s’abstenir de critiquer un autre collègue ; ici, encore une fois, le respect se mérite.

Il est impératif de ne jamais dénigrer les autres arts martiaux et d’éviter toute polémique. Ne jamais être sarcastique. Si l’on n’est pas certain de la réponse à donner à une question, au lieu d’afficher une fausse assurance, il est préférable de donner seulement les éléments de réponse que nous savons.

Tradition

L’éthique et la tradition sont des concepts très importants en Judo. Les saluts usuels et autres conventions doivent être exécutés par tous et c’est la responsabilité de l’enseignant de les perpétuer, car il est le garant de ces traditions.

Il est recommandé, par tradition, que l’enseignant porte un Judogi blanc ainsi que les élèves. Le Judogi bleu devrait être réservé aux compétitions.

L’enseignement

Judo Québec dispose de toute la documentation pertinente et indispensable au cheminement de l’enseignant. Il faudra régulièrement s’y référer en ce qui concerne la conduite de l’enseignement du Judo et suivre les directives administratives imposées pour respecter les normes fédérées.

Il faut accepter les différences individuelles et les objectifs propres à chacun, tenir compte également de l’âge et du niveau d’aptitudes des participants. Ne jamais oublier que chaque personne est unique.

Le professeur est celui qui dirige et anime le cours, il se doit de ne jamais perdre le contrôle de son groupe. Même s’il personnifie une main de fer, son travail s’effectuera toujours dans un gant de velours. Lorsqu’il s’adresse au groupe, son timbre de voix doit être parfaitement audible de tous, sans jamais être agressif ou cassant. Il est également essentiel de savoir choisir ses mots, afin d’expliquer par des phrases courtes et précises le message à faire comprendre. L’explication de ce qu’il faut faire n’est pas un flot verbal, mais est plutôt soutenue par un langage simple, précis et adapté aux personnes concernées (par exemple, ajuster son discours pour les enfants). Quant aux gestes démontrés, ils seront exécutés de manière à être facilement observés de tous et reproduits. Bannir le « je » en se situant à un niveau plus général permettra à tous de bien apprécier l’enseignement donné.

Lors des cours, il y a plusieurs facteurs à considérer, entre autres : le nombre de pratiquants, leur âge, la grandeur du dojo, sa température ambiante, la durée du cours, le niveau technique du groupe et si la situation l’impose, il faut pouvoir faire plusieurs sous-groupes de travail.

Une atmosphère sereine et propice à la pratique est la clé de la « bonne santé » du groupe; c’est au professeur d’inculquer cet esprit au dojo.

Il ne faut pas se concentrer que sur « les meilleurs », mais sur l’ensemble du groupe.

C’est une bonne chose de demander aux élèves de venir démontrer les techniques étudiées. Il est cependant recommandé de varier le choix des partenaires retenus pour ce type de démonstrations. De plus, puisque l’objectif est de permettre à chacun des pratiquants d’atteindre un niveau technique supérieur, il vous faudra apporter les correctifs nécessaires à « petites touches » et travailler une seule chose à la fois. Avec le temps, vous remarquerez que cette procédure en « coopération » professeur/élève sera appréciée et très bénéfique pour tous les participants.

Il convient de ne pas brûler les étapes, ne pas trop déroger des programmes respectifs à chaque « kyu » ou « dan » ; les contenus relatifs à chaque grade sont suffisamment vastes pour que chacun puisse y puiser un intérêt constant.

Les démonstrations et explications des techniques devront être à la fois précises, concises et adaptées aux groupes auxquels elles s’adressent. Elles ne devront jamais servir à épater, mais plutôt à faire comprendre l’exécution correcte et globale de la technique.

Le Judo, comme toute activité sportive n’est pas à l’abri des blessures y compris les commotions cérébrales. En aucun temps ne devra-t-on les banaliser ou les minimiser. Le protocole de retour à l’entraînement (ou à la compétition) devra être suivi rigoureusement. L’intégrité physique à long terme est plus importante qu’une médaille, un titre ou que l’orgueil.

Il ne faut pas oublier qu’en cas de blessure, on se doit de prodiguer les premiers soins, voire de protéger le blessé, mais on ne devra en aucun temps et ceci impérativement faire les interventions médicales ou paramédicales requises, car telle est la législation en vigueur. Il devra connaître dans les détails le plan d’urgence (PAU) établi tel que demandé par judo Québec.

Attribution des grades

L’attribution des grades est la prérogative du directeur technique qui peut attribuer ces grades seul ou assisté. Cette délégation de pouvoir doit être perçue comme un privilège avec tout ce que cela comporte comme responsabilité.

Le grade quel qui soit revêt une très grande importance pour tous les pratiquants, car il est une source de fierté par le travail réalisé.

Chaque candidat est un cas particulier et plusieurs éléments doivent être pris en considération: l’âge, le temps dans le grade, les progrès accomplis depuis le dernier grade, l’assiduité. Dans la pratique, l’exécution des techniques, les katas, la compréhension et l’exécution des randoris ainsi que la participation aux compétitions.

Le bon sens doit être de mise et la décision du directeur technique ne doit pas être influencée par aucun élément extérieur (parent, comité du dojo, etc.)

C’est au directeur technique du dojo seulement que revient la décision de présenter un candidat au grade de « dan » en accord avec le syllabus des grades national.

Lors de la préparation pour les passages de grades « kyu » ou « dan » le directeur technique devra tenir compte tant de l’aspect technique que psychologique. Il devra développer la confiance face au stress des examens.

Il devra faire accepter toute décision des membres du jury.

Des fondamentaux essentiels

  • Le partenaire
    • Vous devez bien inculquer la notion essentielle de partenaire qui est différente de celle d’adversaire. Toutes les techniques doivent être faites avec contrôle et dans le respect du partenaire sans lequel il n’y a pas de progression possible.
    • Le partenaire, essentiel à toute progression
  • Les déplacements et les chutes.
    • La maîtrise des déplacements et des chutes est essentielle dans notre discipline. Il est donc important de les faire exécuter en proposant de nombreux éducatifs dynamiques et attrayants. Il ne peut y avoir de progrès sans cela.
  • Le randori
  • Uchi komii)
  • Les katas

En conclusion:

A tous ceux qui se sentent prêts, bienvenue dans cette aventure !